Conference abstract
Prise en charge thérapeutique du kyste hydatique cardiaque
Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2018:7(19).23
Jan 2018.
doi: 10.11604/pamj-cp.2018.7.19.558
Archived on: 23 Jan 2018
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Keywords: Kyste hydatique, cœur, traitement, prise en charge
Oral presentation
Prise en charge thérapeutique du kyste hydatique cardiaque
Salem Bouomrani1,&, Maher Béji1
1Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
&Auteur correspondant
Salem Bouomrani, Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
Introduction: la localisation cardiaque du kyste hydatique (KH) est exceptionnelle. Du fait de sa gravité ainsi que ses complications potentiellement fatales sa prise en charge thérapeutique spécifique (chirurgicale et médicale) doit être bien établie. La prévention via l’éducation sanitaire et la sensibilisation reste le meilleur traitement pour cette parasitose; un vaccin animal recombinant encore en cours d’évaluation parait très prometteur pour la réduction de la transmission aux êtres humains.
Méthodes: mise au point sur la prise en charge thérapeutique de l’échinococcose cardiaque.
Résultats: la cure chirurgicale représente le traitement de règle de l’hydatidose cardiaque. La chirurgie est recommandée, sous réserve de la localisation et de l’extension, même pour les formes asymptomatiques du KH cardiaque vue le risque potentiel de rupture et d’anaphylaxie mortelle. La chirurgie du KH cardiaque (voie d’abord et geste opératoire) va dépendre de son siège, sa taille et de l’existence ou non d’une complication. L’intervention se déroule sous circulation extra corporelle, car elle permet une exploration minutieuse et complète des cavités cardiaques. Cette méthode a les avantages suivants: Elle minimise le risque de dissémination per-opératoire du parasite en cas d’effraction du kyste, c’est un traitement complet du kyste qu’elle qu’en soit sa localisation, c’est un meilleur traitement de la cavité résiduelle kystique, un bilan lésionnel précis, le traitement concomitant d’une lésion valvulaire associée. Les différents temps du traitement chirurgical du kyste hydatique du cœur sont: la protection du champ opératoire par une solution scolicide tel que le sérum salé hypertonique, l’eau oxygénée à 10 volumes et le nitrate d’argent à 0,5%, pour éviter toute dissémination en cas d’ouverture intempestive du kyste; le traitement du kyste hydatique lui-même: par ponction-aspiration puis stérilisation du kyste par du sérum salé hypertonique; le traitement de la cavité résiduelle: qui consiste en une peri-kystectomie par résection du dôme saillant ou bien une résection complète en cas du perikyste peu profond. Pour le KH du cœur droit, et vue le risque non négligeable de rupture kystique avec migration de vésicules filles et embolie pulmonaire hydatique per-opératoire, le clampage prophylactique de l’artère pulmonaire se trouve préconisé. L’intervention doit être précoce dès le diagnostic est posé afin d’éviter les complications. Elle peut elle-même se compliquer par des troubles de rythme, d’endocardite infectieuse ou d’état de choc cardiogénique ou anaphylactique. De même il convient de rappeler aussi qu’en cas de réanimation cardio-respiratoire pour une pathologie cardiaque aiguë, la compression thoracique par le massage cardiaque externe peut entrainer la rupture de kystes hydatiques cardiaques. Le traitement médical actuel du KH est basé sur les dérivés benzimidazolés administrés per os. Ces produits agissent comme un accélérateur de l’évolution naturelle du KH entrainant la diminution de la pression intra-kystique, le décollement membranaire suivi d’une lyse et d’une fragmentation des vésicules filles. Les médicaments utilisés sont; Le Mebendazole: per os à une posologie de 50 mg/Kg/j; L’Albendazole: c’est le traitement médical de première intention du fait de sa meilleure biodisponibilité à une dose de 15 mg/Kg/j. Ce traitement est indiqué seul dans les hydatidoses disséminées et inopérables ou si contre-indications à l’intervention chirurgicale liée à l’état général du patient. Il est aussi prescrit en peropératoire pour réduire le risque de dissémination secondaire et en postopératoire pour prévenir les récidives. Par ailleurs, l’administration en préopératoire de l’Albendazole, en réduisant la pression intra-kystique, rend plus aisé l’ablation chirurgicale du KH cardiaque. La durée du traitement médicale reste mal précisée; elle est généralement de trois à six mois et doit être prolongée en cas de lésions évolutives. Dans certains cas où il n’est pas possible de faire la cure chirurgicale (KH multiples ou formes multi-viscérales disséminées ou kystes calcifiés) ou bien si le risque chirurgical est élevé, l’association au traitement médical anti parasitaire de la technique de PAIR (ponction, aspiration, injection, ré-aspiration) parait très efficace. En fait, le meilleur traitement de l’échinococcose reste sa prophylaxie. La lutte contre cette parasitose repose sur des mesures de prévention qui visent à interrompre le cycle biologique à l’intérieur des hôtes et entre l’hôte définitif et l’hôte intermédiaire à savoir une action sur les sources de contamination par le contrôle des abattoirs, l’abattage des chiens errants et l’éducation sanitaire au près du publique large; l’ensemble de ces mesures restent défaillant en Tunisie expliquant la haute endémicité persistante du KH. Un vaccin animal recombinant EGA31-EGTrp avait démontré, dans une étude pilote en 2008, avec son administration orale chez les chiens une efficacité satisfaisante attestée par une réduction significative de l’ordre de 70 à 80% de la charge parasitaire chez les chiens vaccinés ainsi qu’un développement significativement réduit des vers restants; ces résultats paraissent très prometteurs dans l’optique de la réduction de la transmission aux humains.
Conclusion: le traitement du KH cardiaque est principalement chirurgicale basé sur la résection complète du kyste chaque fois que possible avec un complément de traitement médical anti parasitaire péri-opératoire afin de garantir la guérison et réduire le risque de récidives ultérieures. Sans traitement, l’évolution spontanée de cette localisation est toujours mortelle. La mortalité postopératoire est non négligeable.