Conference abstract
Le paludisme grave: diagnostic et prise en charge
Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2018:7(36).24
Jan 2018.
doi: 10.11604/pamj-cp.2018.7.36.577
Archived on: 24 Jan 2018
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Keywords: Paludisme grave, diagnostic, traitement
Oral presentation
Le paludisme grave: diagnostic et prise en charge
Salem Bouomrani1,&
1Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
&Auteur correspondant
Salem Bouomrani, Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
Introduction: le paludisme est une parasitose qui sévit encore sur le mode endémo-épidémique dans plusieurs pays du monde et occasionne une lourde mortalité surtout chez les enfants en bas âge et les sujets immunodéprimés. Les formes graves de cette parasitose sont actuellement bien définies et leur prise en charge a connu plusieurs avancées.
Méthodes: mise au point sur le diagnostic et la prise en charge des formes graves du paludisme.
Résultats: les groupes particulièrement vulnérables pour les formes graves du paludisme sont: les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et migrants non immuns à savoir les réfugiés, les saisonniers, les touristes et les militaires en missions humanitaires dans les régions impaludées. Chez les enfants de moins de 5 ans, les formes sont graves et mortelles dans 10 - 40% des cas; en effet le rapport de l’OMS de 2013 sur le paludisme stipule que plus d’un décès infantile sur cinq survenant en Afrique est dû au palu et toutes les 45 secondes, un enfant meurt du paludisme en Afrique! Chez les femmes enceintes, le taux de décès maternels peut atteindre 10 à 50% et celui des fausses couches 60% des cas si infection à Plasmodium falciparum. Depuis 2000, l’OMS définissait le paludisme grave dans les pays épidémiques par la positivité d’un frottis et/ou une goutte épaisse avec au moins un critère clinique ou biologique de gravité. Dans les pays non impaludés, le paludisme grave d’importation se définit, selon « la conférence de consensus de 1999 révisée en 2008 des recommandations pour la bonne pratique clinique pour la prise en charge et la prévention du paludisme d’importation à Plasmodium falciparum de l’adulte » par la présence d’au moins un de ces critères: toute défaillance neurologique incluant obnubilation, confusion, somnolence, prostration ou coma score de Glasgow < 11, toute défaillance respiratoire incluant PaO2/FiO2 < 300 mmHg si VM ou VNI, PaO2 <60 mmHg et/ou SpO2 <90% et/ou FR >32/mn en air ambiant si non ventilé, signes radiologiques: images interstitielles et/ou alvéolaires, toute défaillance cardio-circulatoire incluant pression artérielle systolique < 80 mmHg en présence de signes périphériques d’insuffisance circulatoire, patient recevant des drogues vasoactives quel que soit le chiffre de pression artérielle, signes périphériques d’insuffisance circulatoire sans hypotension, convulsions répétées: au moins 2 par 24 heures, hémorragie clinique, ictère clinique ou bilirubine totale >50 µmol/l, hémoglobinurie macroscopique, anémie profonde: hémoglobine < 7 g/dl ou hématocrite < 20%, hypoglycémie (glycémie < 2,2 mmol/l), acidose avec bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/l ou acidémie avec pH < 7,35, toute hyperlactatémie: dès que la limite supérieure de la normale est dépassée ou à fortiori si lactate plasmatique >5 mmol/l, insuffisance rénale avec créatininémie >265 µmol/l ou urée sanguine > 17 mmol/l ou diurèse < 400 ml/24h malgré réhydratation et hyperparasitémie (dès que la parasitémie dépasse 4%, notamment chez le non immun. La prise en charge du paludisme grave se fait dans un milieu de réanimation avec une hospitalisation en urgence et une surveillance continue. Le traitement spécifique repose sur, en plus de la correction des différentes défaillances, la quinine en perfusion intra veineuse à la dose de 8 mg/kg/8 heures pendant 7 jours. Plus récemment (depuis 2011) les dérivés semi-synthétiques de l’artémisinine (artésunate: Malacet®) sont les plus indiqués car plus efficaces et mieux tolérés que la quinine. Le schéma thérapeutique est de 2,4 mg/kg à h0, h12, h24, h48 et h72, puis le traitement poursuivra à la dose 2,4 mg/kg/j pendant 7 jours.
Conclusion: le paludisme grave représente une véritable urgence diagnostique et thérapeutique. Le traitement se conçoit dans un milieu de réanimation et se fait par voie intraveineuse. La quinine et plus récemment les dérivés de l’artémisinine sont des médicaments très efficaces pour cette prise en charge.