Conference abstract
IRIS: Syndrome Inflammatoire de Reconstitution Immune ou « Réaction paradoxale »
Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2018:7(39).24
Jan 2018.
doi: 10.11604/pamj-cp.2018.7.39.580
Archived on: 24 Jan 2018
Contact the corresponding author
Keywords: Réaction paradoxale, syndrome inflammatoire de reconstitution immune, Tunisie
Oral presentation
IRIS: Syndrome Inflammatoire de Reconstitution Immune ou « Réaction paradoxale »
Salem Bouomrani1,&, Hassène Baïli1
1Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
&Auteur correspondant
Salem Bouomrani, Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie
Introduction: la réaction paradoxale correspond à la reconstitution de la réponse immune inflammatoire de l’organisme contre un agent nocif qu’il soit infectieux ou non. Cette reconstitution immune, bénéfique pour éradiquer cet agent, peut cependant être délétère et entraîner des manifestations pathologiques inattendues que l’on désigne par le « syndrome inflammatoire de reconstitution immune » ou IRIS « immune reconstitution inflammatory syndrome » pour les anglo-saxons. L’IRIS peut présenter un sérieux défi pour les cliniciens particulièrement au cours de la tuberculose.
Méthodes: mise au point sur l’IRIS.
Résultats: l’IRIS est la conséquence de l’exacerbation aiguë d’une réponse immunitaire « normale » contre l’agent pathogène associée à un syndrome inflammatoire diffus, intense et non contrôlé faisant principalement intervenir les lymphocytes T CD4. Le délai de survenue de ces réactions varie entre un et quatre mois après le début du traitement. Cette réaction paradoxale était notée dans la plupart des infections bactériennes, virales et même fongiques; elle est particulièrement fréquente chez les immunodéprimés (essentiellement les sujets VIH+ et sous trithérapie). La traduction clinique de cette restitution immune qui dépasse ses limites est très variable pouvant réaliser des tableaux très sévères et parfois même trompeurs: leucoencéphalopathie multifocale progressive, syndrome de Guillain Barré, appendicite, infarctus splénique, syndrome de détresse respiratoire aigüe. Au cours de la tuberculose, l’IRIS est définie par l’apparition de nouvelles localisations ou l’aggravation de lésions préexistantes sous traitement antituberculeux bien conduit. Classiquement, il est décrit chez 10 à 50% des tuberculeux immunodéprimés, particulièrement ceux atteints du VIH et recevant un traitement antiviral. Chez l’immunocompétent cette réaction paradoxale est plus rare: 5 à 10% des tuberculeux traités, en particulier dans les formes ganglionnaires et pleurales. Récemment vient d’être décrite la réaction paradoxale au cours de la tuberculose chez des malades traités par immunosuppresseurs ou biothérapie (sous anti-TNF alpha). Dans plus de 80% des cas, la traduction clinique de l’IRIS au cours de la tuberculose se fait à type de bactériémie, d’adénopathies et d’atteintes tuberculeuses digestives ou pulmonaires. Les atteintes osseuses sont rares et celles cutanées exceptionnelles ne représentant que moins de 1% des cas; Ceci s’explique par une réponse inflammatoire insuffisante à ces niveaux. Dans les formes sévères d’IRIS, les corticoïdes et la thalidomide peuvent être très efficaces.
Conclusion: l’IRIS est une complication rare qui peut se voir au cours de plusieurs infections, particulièrement après l’instauration du traitement spécifique anti-infectieux. Elle est particulièrement notée chez l’immunodéprimé mais peut aussi survenir chez l’immunocompétent. Cette éventualité doit être bien connue par les cliniciens.