Conference abstract

Epidémiologie de l’échinococcose dans le monde et la Tunisie

Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2018:7(5).19 Jan 2018.
doi: 10.11604/pamj-cp.2018.7.5.538
Archived on: 19 Jan 2018
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Keywords: Kyste hydatique, échinococcose, épidémiologie, Tunisie
Oral presentation

Epidémiologie de l’échinococcose dans le monde et la Tunisie

Salem Bouomrani1,&, Maher Béji1

1Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie

&Auteur correspondant
Salem Bouomrani, Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Gabès, Tunisie

Résumé

Introduction: l’échinococcose représente le cestode le plus fréquent de par le monde avec une prédilection pour le moyen orient et l’Afrique du Nord. Elle fait encore partie des maladies tropicales dites « négligées » et représente un véritable problème de santé publique ainsi qu’un lourd fardeau socio-économique dans plusieurs pays du monde y compris le nôtre.

Méthodes: lecture critique de la littérature nationale et internationale portant sur l’épidémiologie de l’hydatidose.

Résultats: les grands foyers mondiaux d’endémie sont: Le bassin méditerranéen, l’Amérique du Sud, l’Asie, notamment l’Inde, l’Afghanistan, l’Iran et la Turquie, et certaines régions d’Afrique de l’Est. En effet le nombre total des sujets infestés est estimé à 2 - 3 millions dans le monde et la gravité de cette affection réside principalement dans ses complications aiguës (rupture, surinfection, choc anaphylactique…) avec un risque de mort subite attribuée à cette parasitose qui reste à nos jours qualifié de « sérieux et non exceptionnel ». Cette mortalité touche surtout les sujets jeunes. La maladie touche les deux sexes avec une légère prédominance féminine (sexe ratio H/F = 0.61) et peut se voir à n’importe quel âge, mais atteint avec prédilection l’adulte entre 21 et 40 ans; L’ingestion peut en fait avoir lieu précocement au cours de l’enfance mais ne s’exprime souvent qu’à l’âge adulte, vu l’évolution lente de la maladie. En Tunisie, le kyste hydatique sévit sous un mode endémique voir hyper-endémique avec une incidence annuelle dans la population générale estimée à 1.67/100.000 habitants/an et une prévalence de l’ordre de 15/10.000 habitants. Elle demeure toujours fréquente aussi bien chez l’homme que chez l’animal et représente un coût direct et indirect élevé tant en terme de dépenses, de soins, de santé, qu’en morbi-mortalité: L’étude récente faite en 2013 par Lahmar S. et al. dans le règne animale et ayant intéressé un total de 10.818 ruminants domestiques (3913 bovins, 2722 ovins, 3779 chèvres et 404 dromadaires) abattus dans différents abattoirs en Tunisie entre 2003 et 2010, avait objecté l’hydatidose chez 16,42% des ovins, 8,56% des bovins, 5,94% des dromadaires et 2,88% des chèvres. De même, au dépistage échographique systématique, 40% des ovins dans le Nord Tunisien étaient infestés par ce parasite. Chez l’homme l’incidence chirurgicale moyenne annuelle pour kyste hydatique toutes localisations confondues, et bien qu’elle soit réduite par rapport aux décennies passées, reste toujours élevée: 12.6 cas/100.000 habitants/an dans les années 2001 - 2005 alors qu’elle était de 15.1 cas/100.000 habitants/an dans les années 1988 - 1992. La gravité de cette parasitose est aussi à ne pas négliger et selon les statistiques autopsiques du service de médecine légale de l’Hôpital Charles Nicolle de Tunis sur une période de six ans (2004 - 2009), le kyste hydatique toutes localisations confondues était la cause principale de la mort dans 26 cas. Sur le plan socio-économique l’échinococcose est à l’origine d’importantes pertes directes et indirectes animales et humaines dont le coût s’estime de 10 - 19 million de dollars USA.

Conclusion: encore fréquente et négligée de par le monde, l’échinococcose représente toujours un problème de santé publique dans plusieurs pays, y compris le nôtre. Le contact étroit entre un homme et un animal, les mauvaises habitudes, l’abattage clandestin ainsi que le manque de conscience et de sensibilisation au sein du public large, sont les facteurs favorisants le développement de cette maladie et expliquant sa fréquence élevée.